dimanche 15 avril 2007

Episode 10 : Botswana - Shakawe, 2160 km





Sur une route bitumée, transpirante, bushy, c’est les pieds et la tête qui marchent.
Le Botswana, c’est le pays de l’âne mais nous marchons sans, a cause de règles « idiotes ». Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer ; on s’est pas mal fatigués a porter ces lourdes sacoches d’âne. Tant pis, on poursuit l'aventure sans bourri. Snif !
Nous contournons le delta, faute de pouvoir le remonter en bateau. Ici, on marche vraiment sur la tête (voir photo).

Le Botswana, c’est le défi physique de notre Rencontre avec la terre. Heureusement, dans ce grand semi- désert, il y a le "cattle-post" : quelques kaya (huttes rondes) abritant les gardiens de bétails. Partout, le gouvernement distribue des bouts de terre aux botswanais pour faire de l’élevage. Le pays est rempli de bétail (bœufs, ânes, chèvres…). Achetée par les abattoirs nationaux, la viande est ensuite exportée à 80% principalement vers les marchés européens. Le business du bétail fait vivre pas mal de monde. Sur la route, le cattle-post nous fait vivre aussi. Tous les matins ou presque, nous en trouvons un pour acheter lait frais ou madila (lait caillé). En ce qui concerne les cultures, le pays est complètement dépendant de l’Afrique du Sud. Alors, le gouvernement tente d’inciter les cultivateurs mais cela ne prend guère au Botswana, terre d’élevage (aussi parce que c’est du boulot et que les gens tiennent à leur tranquillité).
C’est rigolo d’ailleurs : au Mozambique, on nous accueillait avec des bananes et des mangues et nous rêvions d’un bon bol de lait. Au Botswana, les gens nous gavent de lait et nous nous prenons à rêver de bons fruits frais.
Signalons de nouveau, la politique exemplaire du Botswana en terme d’éducation et de santé : salaires corrects, logements de fonction, infrastructures modernes et équipées, bourses d’étude, rations alimentaires pour les plus demunis, soutien financier pour les malades… grosse politique de soutien, avec les excès que cela implique parfois, profiter du système.
Le gros hic du Botswana : c’est le Sida. Un tiers de la population infectée, en grande majorité dans les milieux ruraux (petits villages). Polygamie, pas de capotes, la tradition et un fatalisme déconcertant sont les grands responsables. Ce n’est pas simple. A deux reprises, nous sommes accueillis chez des conseillers VIH, en charge d’aller tester la population et d’un travail de prévention auprès des séropositifs. Un médecin nous confesse : « Certains sont même contents d’apprendre qu’ils sont malades pour être pris en charge »
Ignorance, fatalisme ??
Enfin, le Botswana, c’est aussi un grand mélange de cultures et de langues que nous découvrons tout autour de l’Okavango. Si la majorité parle Setswana, nous rencontrons après Maun des familles herero (chassés de la Namibie après la colonisation allemande), des sambukushus (pêcheurs du delta originellement réfugiés angolais), les bushmen plus basés vers le Kalahari et d’autres encore… L’anglais est officiel mais bredouillé.
Nous sommes decus de ne pas voir et entendre plus de musique. A part peut-être le Kwasa-Kwasa a la radio, les gens d’ici ne chantent ni ne jouent (« j’ai l’air fin avec mon harmonica » dixit Géraud)
Nous achevons presque le tour du delta : pas loin de 400 km avalés en moins de 15 jours. Nous aurions du croiser des éléphants sur la route mais n’avons pas eu cette chance...Ou trop, ils disent ici que nous sommes protégés de Dieu.
L’autre jour, nous tombons pourtant presque nez a nez avec un mamba noir que Géraud a d’abord pris pour un bout de pneu, un des serpents les plus dangereux au monde.
Autre épisode animalier : Virginie s’est fait mordre l’arrière du genou par un chien. Nous sommes outrés à chaque fois du traitement réservé aux animaux domestiques. Anes et chiens pas soignés et ces derniers crèvent la dalle (alors ils bouffent du cuissot !).
Nous arrivons a Shakawe, dernier gros village avant la Namibie (a 13 km). Mais nous patientons avant de franchir la frontiere avec un repos mérite dans la Lodge de la famille Drotsky. Superbe lodge, les pieds dans le fleuve pour pas un rond. Nos nuits sont bercees par le chant des hippopotames.
Nous y croisons Janie et sa bande de francais. Echanges sympas.
A suivre, nous projetons un tour de mokoro, barque traditionnelle creusée dans un tronc pour enfin être sur le delta (ho, les touristes)…

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